La gouvernance de la recherche universitaire: Y a-t-il un pilote dans l’avion ? September 9, 2009

Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) a récemment initié un état des lieux de la gouvernance de la recherche universitaire en Afrique de l’Ouest sur la base d’une série d’études de cas menée dans six universités. Les résultats préliminaires donnent un aperçu intéressant dans plusieurs domaines, notamment dans le pilotage institutionnel de la recherche. La faiblesse de la recherche universitaire en Afrique est-elle en partie imputable aux insuffisances dans le pilotage ? Quels acteurs internes ou externes exercent une influence décisive sur la conduite de la recherche universitaire ? Existe-t-il des alternatives novatrices susceptibles d’avoir un impact réel si elles sont amplifiées ?

Le manque de légitimité des instances de pilotage

Au sein des universités étudiées, les organes de pilotage du dispositif de recherche existent mais leur influence sur la recherche est réduite. Ils se contentent de tâches routinières et secondaires et n’ont souvent aucune prise sur les équipes, les laboratoires ou les centres de recherche. Le manque de légitimité des instances de pilotage par rapport à la fonction recherche, la faiblesse des ressources financières dédiées à la recherche et l’absence d’un pilotage stratégique de l’Etat, sont avancés pour justifier la quasi-inertie des organes de pilotage de la recherche universitaire. Une des conséquences de cette situation est que ces universités ne disposent pas de mécanismes de détermination des priorités de recherche. Les enseignants-chercheurs, individuellement ou au sein de leurs équipes, conduisent leurs activités de recherche principalement pour des besoins de carrière, et de façon subsidiaire pour répondre à la demande de partenaires extérieurs porteurs de leurs propres agendas de recherche.

Des initiatives de financement

De timides initiatives de financement endogène de la recherche universitaire ont émergé dans certaines universités. C’est ainsi que l’Université de Buea (Cameroun) consacre 4% à 6% de son budget à la recherche. Le Fonds d’appui à la recherche de l’Université Cheikh Anta Diop (Sénégal) s’élève à environ 50 millions FCFA par an alors que l’Université d’Abobo Adjamé (Côte d’Ivoire) alloue environ 100 millions FCFA à la recherche. Ces différents fonds financent les unités de recherche sur une base compétitive mais leur impact est amoindri par la modicité des moyens mobilisés. Ces bonnes pratiques, cependant, se multiplient.

Par Kathryn Touré, Directrice régionale du CRDI

Contribution parue dans l’édition no. 2 de la Lettre du Bureau de l’Afrique de l’Ouest de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) (pp. 9-11): www.auf.org/regions/afrique-ouest/recevoir-notre-lettre-d-information/accueil.html

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